La vallée du Devero est l'une des plus belles vallées de la région
de l'Ossola ; on peut la parcourir jusqu'à Goglio, d'où un chemin
muletier permet de rejoindre aisément le lieu le plus intéressant de la
vallée, à savoir l'Alpe Devero. Ce vaste plateau est ravivé par de
superbes chutes (dell'Inferno, de Buscagna, etc.).
Autour du
haut-plateau se trouvent de vastes forêts de mélèze, caractérisées par
un tapis épais de rhododendrons et myrtilles, et mélangées avec des
aunes, des saules, plusieurs espèces de sorbier et quelques sapins
rouges. Les nombreuses zones humides présentes sont intéressantes aussi
bien du point de vue botanique que faunistique.
La faune sauvage est celle typique des Alpes, avec prédominance de chamois et marmottes.
La
zone se caractérise également par un fort intérêt archéologique, grâce
à la découverte d'objets datant de l'ère du bronze (au Passo
dell'Arbora).
L'Alpe Veglia est un vaste bassin (cirque d'origine glaciaire) délimité par une couronne de montagnes ouverte au sud-est par une profonde incision fluviale qui relie le cirque à la vallée principale. On le définit l'arrondissement minéralogique le plus riche des Alpes occidentales. L'ample bassin de l'Alpe est constitué principalement de dépôts alluvionnaires, tandis que tout autour des dépôts morainiques s'adossent contre les monts qui entourent l'Alpe. Le paysage présente également lacs, torrents et chutes, qui sont le résultat de processus de changement encore en cours. D'intéressants affleurements de dolomies et calcaire, inclus dans les formations de base de micaschistes et gneiss, engendrent des phénomènes similaires aux phénomènes dolomitiques.
La
végétation se caractérise par la présence de pâturages et, jusqu'aux 2
200 mètres d'altitude, de vastes forêts. Le sous-bois est formé
principalement de rhododendrons et myrtilles. 320 espèces botaniques
ont été classées à l'intérieur du Parc, dont 22% sont considérées rares
: parmi celles-ci, la Gentiana brachyphylla, l'Astragalus leontinus et la Kobrenia simpliciscula.
La
faune est riche. Parmi les mammifères, les plus importants du point de
vue numérique sont le chamois, la marmotte et le lièvre alpin.
L'avifaune se caractérise par des colonies importantes d'espèces rares
telles que l'aigle royal et le tétras lyre.
A remarquer les
découvertes archéologiques effectuées dans la Piana del Veglia et
datant de l'époque du mésolithique (il y a à peu près 9 000 ans).
La présence de chamois à l'intérieur du Parc, dans les amples terrasses herbeuses des pentes bien ensoleillées en été, ou bien à des altitudes moins élevées dans la saison froide, est importante et constante depuis longtemps ; les nombreux chevreuils du Parc, une présence saisonnière mais désormais constante, préfèrent par contre rester à l'intérieur des forêts. Les cerfs ont commencé à vivre dans le Parc très récemment, mais ils y ont trouvé un territoire idéal pour la reproduction. La présence du bouquetin, réintroduit au cours des années '70, est désormais stable. Toute excursion à l'intérieur du Parc est accompagnée par la marmotte, curieuse sentinelle prête à siffler à chaque danger. C'est souvent ce rongeur qui, avec son sifflement, prévient les randonneurs de la présence de l'aigle royal, son grand ennemi naturel.
D'autres mammifères plus discrets sont le lièvre variable, les différents renards, l'hermine, le blaireau et l'écureuil (ces deux derniers se trouvent généralement à des altitudes moins élevées). Parmi les habitants les plus petits et les plus communs, toujours difficiles à voir, se trouvent la musaraigne et le campagnol.
Les rapaces comprennent, outre que l'aigle royal, la buse variable, l'autour des palombes, l'épervier et le faucon crécerelle ; parmi les rapaces nocturnes on compte le hibou, la chouette de Tengmalm et la chouette chevêchette.
Parmi les oiseaux il faut aussi mentionner le lagopède des Alpes et le tétras lyre - dont la densité à l'intérieur du Parc est la plus importante de toute la chaîne alpine, la bartavelle, les pics (épeiche et noir), le cincle plongeur, le merle à plastron, le rougequeue à front blanc, l'accenteur mouchet, le traquet tarier, l'accenteur alpin, le traquet motteux, le bec-croisé des sapins, la niverolle alpine, le serin cini, la mésange (noire, boréale, huppée), le sizeron flammé, les bruants, le geai des chênes, le chocard des Alpes et le grand corbeau. Parmi les reptiles - chose peu connue - les vipères ont une fonction écologique importante ; même si elles sont assez communes, il est difficile de les rencontrer, à cause de leur nature réservée et craintive.
Les zones humides et les petits lacs sont des milieux à observer avec attention : c'est là que l'on peut voir la grenouille rousse et le triton alpestre, les dytiscidae et leurs larves, ou bien de petits crustacés suspendus, tandis que de grosses libellules voltigent à la surface de l'eau.
La présence de plusieurs milieux différents du point de vue écologique,
climatique et édaphique se traduit, à l'intérieur du Parc et dans ses
alentours, dans une végétation très variée, des gras pâturages des
basses altitudes jusqu'aux associations pionnières rupicoles des zones
nivales.
Les deux bassins Veglia et Devero présentent des
caractéristiques similaires : jadis très humides et marécageux, ils ont
été graduellement bonifiés afin d'augmenter la production de fourrage,
et se présentent aujourd'hui comme des prairies. Cependant, il reste
encore des zones humides à plusieurs altitudes.
Dans les plaines,
les pâturages sont dominés par les graminacées, les cypéracées, le
plantain et plusieurs composées, parmi lesquelles il n'est pas
difficile de reconnaître les crocus précoces, la belle Gentiana acaulis, la Biscutella laevigata, le rhinanthe et quelques orchidées (Orchis sambucina, O. maculata, Nigritella nigra).
Une grande partie du territoire, entre 1 500 et 2 000 mètres, est
couverte de forêts : en altitude, on trouve principalement des forêts
de mélèzes, tandis qu'au fur et à mesure que l'on descend augmente la
présence de l'épicéa commun, du sapin blanc, de plusieurs latifoliés
tels que le sorbier des oiseleurs (S. Aucuparia), l'alisier nain (S. Chamaemespilus) et l'alisier blanc (S. Aria),
du saule, de l'aulne et de quelques bouleaux. Les forêts sont plus
étendues sur les versants des monts à composante calcaire, plus doux et
sans obstacles majeurs, tandis qu'elles deviennent plus clairsemées
dans les versants raides des montagnes siliceuses, où elles sont
fréquemment interrompues par les sauts de rochers, les couloirs des
avalanches et les éboulements.
Le sous-bois typique des forêts de
mélèzes est constitué par un tapis de rhododendrons et myrtilles. Avec
un peu de chance, en se promenant parmi les mélèzes dans les pentes
légèrement ombragées, on peut rencontrer l'une des plus belles fleurs
alpines endémiques : l'Aquilegia Alpina, désormais rare.
Au dessus de la forêt la végétation devient toujours plus basse et
clairsemée : la bruyère à rhododendron s'étend vers le haut,
reconquérant ainsi les territoires des pâturages abandonnés.
Plus
en haut, les espaces ouverts et ensoleillés sont dominés par les
prairies de graminacées et cypéracées ; dans certains endroits les
plantes, dépourvues même de la protection de la neige, continuellement
balayée par le vent, doivent supporter une excursion thermique annuelle
d'environ 80° !
Arrivant enfin aux moraines, aux détritus et aux
rochers, les couleurs des fleurs deviennent toujours plus intenses afin
d'attirer l'attention des insectes pollinisateurs. On peut ainsi
admirer des coussinets de Silène, le chrysanthème des Alpes, le
myosotis bleu, la renoncule des glaciers et l'aster des Alpes, le
génépi mâle et femelle (en réalité il s'agit de deux espèces
différentes : Artemisia genepi et A. mutellina) et beaucoup d'autres fleurs.
Certes,
cet aperçu des différents milieux du Parc ne suffit pas à décrire les
innombrables aspects de sa végétation. Quand même, on aura peut-être
donné envie à quelque visiteur de regarder ce qui l'entoure d'un œil
plus attentif : il s'agit d'un pas important vers la découverte de la
complexité de la nature. N'oublions pas qu'il peut facilement arriver
de marcher sur ce que l'on ne remarque pas ou que l'on regarde avec
superficialité.
Du point de vue géologique, la zone Veglia-Devero se trouve à l'intérieur du domaine des Alpes Occidentales. Elle fait partie d'une structure complexe née de la superposition d'unités structurelles bien distinctes du point de vue géologique et pétrographique, appelées ricoprimenti ("nappes"), nées du processus de formation de la chaîne alpine et modifiées ensuite par l'action des glaciers et des fleuves.
Les roches rougeâtres de la nappe IV (ou du Berisal) affleurent dans la partie nord-ouest de Veglia, et seulement de façon marginale dans la zone de Devero. Elles forment, avec les roches gneissiques claires de la nappe III (ou du Monte Leone), la plupart des crêtes spectaculaires qui délimitent le Parc ; on les observe facilement sur la paroi est du Mont Leone et sur les parois rocheuses du Cervandone où, grâce à leurs couleurs différentes, le pli des roches est particulièrement évident.
Du point de vue minéralogique, la région du Parc constitue l'une des zones les plus intéressantes de l'arc alpin. Le mont Cervandone, en particulier, est devenu célèbre grâce à la variété de minéraux - parfois uniques au monde - que l'on a découvert dans ses roches gneissiques : asbecasite, cafarsite, cervandonite, chernovite, gasparite et tilasite ne sont que des exemples des 127 espèces minéralogiques identifiées dans la zone.
La présence de serpentinite, qui fait ressortir chromatiquement les sommets de la Rossa, du Crampiolo et de la Marani, est un élément très intéressant. Le minéral principal de cette roche, la serpentine, présente dans cette zone des caractéristiques uniques : compacité maximale, couleur intense et structure lamellaire, qui font qu'elle constitue une variété particulière appelée "antigorite" (de Valle Antigorio).
Laissons les sommets pour retourner aux bassins de Veglia et Devero, jadis grands cirques d'origine glaciaire.
L'action des glaciers a laissé des traces bien visibles de son histoire, telles que les roches moutonnées et striées que l'on observe fréquemment aux bords des vallées (par exemple au sud du lac d'Avino ou au Passo della Rossa) et qui sont le résultat de l'action érosive de la glace.
De façon similaire, les rochers isolés ne sont souvent que des blocs erratiques, c'est-à-dire des rochers transportés par le courant glacé qui, en fondant, les a déposés dans des lieux insolites.
Les moraines, des accumulations de débris abandonnées par les glaciers en recul, particulièrement évidentes au pied du glacier d'Aurona, représentent une autre conséquence du passage des glaciers.
C'est ce contraste de milieux et de panoramas si différents qui rend les sentiers du Parc encore plus charmants. Les visiteurs attentifs et scrupuleux découvriront un monde merveilleux, fait de nombreuses petites choses que les promeneurs pressés ne pourront jamais remarquer et apprécier.